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En Afrique du Sud, un incident dans une école de Soweto a relancé le débat sur les faux diplômes d'enseignants. Cette semaine, un ex-enseignant d'école primaire a poignardé une directrice qui l'avait suspendu. L'enseignant avait été démis de ses fonctions, après que l'école ait découvert, suite à une plainte de parents d'élèves, qu'il avait menti sur ses qualifications et n'avait aucun diplôme. Selon le Conseil sud-africain des éducateurs, des dizaines, voire des centaines d'enseignants mentent sur leurs qualifications.

Les cas d'enseignants ayant menti sur leur diplôme au niveau tertiaire ont augmenté en 2016, a annoncé le Conseil sud-africain pour les enseignants (Sace). La directrice du Sace a indiqué que parmi les universités visées par les fraudeurs figurent celles du Zoulouland, d’Unisa et du North West. Au moins 20 enseignants dans l’une de ces universités sont poursuivis pour fraude, a-t-elle indiqué. Les enseignants en question étaient inscrits auprès du Sace.

Le rapport annuel du ministère de l’Enseignement de base présenté au parlement cette semaine apporte des éléments probants attestant de la corruption à grande échelle entourant le programme d’alphabétisation de masse des adultes Kha Ri Gude. Ces révélations interviennent quelques semaines seulement après que le programme s’est vu attribuer, à Paris, le Prix d’alphabétisation UNESCO-Confucius 2016. Selon ce rapport, la corruption serait à l’origine d’une augmentation des dépenses inutiles, passées de 28 000 rands en 2014/15 à 44,3 millions de rands cette année.

Le président de la commission de l’enseignement supérieur a condamné les universitaires, le personnel et les étudiants organisés en syndicat pour placer les élèves et applaudi aux investigations lancées à ce propos. Il appelle à mettre en place les politiques annoncées par le gouvernement et approuvées par le parlement. Les universités seront tenues d’informer le parlement des mesures engagées pour supprimer toutes les failles susceptibles d’aller à l’encontre de la loi et des politiques.

Le ministère de l’Éducation du Cap oriental, qui vient d’achever son enquête sur les « élèves fantômes », doit encore affronter le scandale des « enseignants fantômes ». L’épouse d’un ancien chef de file de l’ANC doit répondre de 16 chefs d’accusation de fraude et de 10 chefs d’accusation de blanchiment d’argent après avoir apparemment empoché plus d’un million de rands pour le traitement de candidatures bidon à des postes d’enseignants de catégorie R.

Le rapport de l’équipe ministérielle chargée d’enquêter sur le scandale « argent contre travail » fait le constat d’une corruption endémique dans le système d’éducation et propose, comme première étape pour l’endiguer, de mettre un terme au déploiement des cadres. En plus des accusations portées contre certains membres du syndicat démocratique des enseignants d’Afrique du Sud (South African Democratic Teachers’ Union — SADTU), qui monnaieraient des postes contre des espèces sonnantes et trébuchantes, le rapport met également en cause le processus de nomination dans le secteur.

L’an dernier, Corruption Watch a mené dix enquêtes autour d’allégations de corruption dans les écoles, ce qui fait de l’année 2015 l’une des pires en la matière, selon son rapport annuel publié mercredi dernier. « Dans les dix cas, le directeur était le principal responsable des activités de corruption », souligne l’organisation. Le rapport rappelle aussi que 16 % des plaintes déposées auprès de Corruption Watch concernent les établissements scolaires.

La ministre de l’éducation de base a informé les médias sur le rapport intermédiaire soumis par un groupe de travail ministériel chargé d’enquêter sur la vente de postes d’enseignants, et a déclaré que ce rapport confirme la présence de corruption et d’influence indue dans la nomination des enseignants et directeurs d’écoles, qu’il y a des failles dans le système, et que l’autorité du gouvernement et les pouvoirs de certaines parties prenantes devraient être revus.

Dimanche, le Syndicat démocratique des enseignant de l’Afrique du sud (SATDU) a riposté vigoureusement au département de l’éducation de base, en accusant les fonctionnaires seniors d’être mêlés à un trafic de postes octroyés contre de l’argent, et en affirmant que des fonctionnaires hauts placés dans le département de l’éducation auraient soit accepté des pots-de-vin, soit exercé une influence indue pour faire embaucher des enseignants et directeurs d’établissements. Mais cette allégation a été rejetée par un porte-parole de l’éducation nationale.