Gouvernement ouvert dans l’éducation : quel rôle pour les citoyens ?
Beaucoup d’entre nous en ont probablement entendu parler, mais que recouvre vraiment la notion de « gouvernement ouvert » ? Les auteurs d’une nouvelle recherche de l’IIPE, intitulée Gouvernement ouvert dans l’éducation : clarifier les concepts et recenser les initiatives, ont fait de cette question le point de départ de leurs réflexions. Face à la multiplication récente des initiatives de gouvernement ouvert dans toutes les sphères de l’action publique, il devient de plus en plus important pour les personnes qui travaillent dans le secteur de l’éducation – et, en particulier, pour les planificateurs – de comprendre comment est né ce concept et quels leviers d’action il procure.
Clarifier le concept de gouvernement ouvert
Le gouvernement ouvert peut être conceptualisé comme « un processus de gouvernance visant à créer de la valeur publique dans un partenariat entre autorités publiques et citoyens ». Trois notions sont au cœur de ce principe – la transparence, la participation et la responsabilité – dont les prémices remontent au 18e siècle.
De nos jours, la généralisation d’Internet et des autres technologies de l’information et de la communication (TIC) a entrainé un essor des politiques de gouvernement ouvert, à mesure que les informations deviennent plus accessibles pour un nombre croissant de citoyens. Mais, comme le soulignent les auteurs de ce rapport, il ne suffit plus d’ouvrir l’accès aux données grâce aux TIC et au e-gouvernement ; l’enjeu désormais est de comprendre comment impliquer les citoyens dans la résolution des problèmes.
De la théorie à la pratique
En raison de son importance immédiate pour tout un chacun, le secteur de l’éducation fait figure de champ d’expérimentation pour la participation citoyenne, en particulier au niveau local.
Les initiatives de gouvernement ouvert dans l’éducation fleurissent un peu partout dans le monde. Les chercheurs ont sélectionné 34 études de cas dans 26 pays pour analyser l’impact du gouvernement ouvert sur les résultats de l’enseignement, les repas scolaires, la gestion des écoles, le budget, la fourniture de manuels scolaires ou encore d’autres ressources.
En permettant aux usagers d’accéder à des données ouvertes, notamment sur les allocations budgétaires, les effectifs d’enseignants ou les raccordements à l’électricité, et en leur donnant des outils pour noter les établissements, signaler des problèmes ou proposer des solutions, l’initiative de plateforme en ligne lancée au Mexique, « Améliore ton école », a eu des effets concrets quantifiables. Elle a par exemple révélé l’existence de milliers d’enseignants « fantômes » et d’écoles offrant soi-disant un enseignement à distance alors qu’elles n’étaient pas raccordées à l’électricité… Comme le soulignent les auteurs de l’étude, le ministère de l’Éducation « a revu sa politique de rémunération des enseignants et les directeurs d’établissement ont acquis des leviers d’action supplémentaires pour veiller à ce que les autorités locales transfèrent bien les fonds destinés à leurs écoles ». |
Le travail de cartographie et d’analyse montre que les champs d’action et les cibles du gouvernement ouvert varient selon le contexte. Dans les pays où la corruption est limitée, le gouvernement ouvert sert avant tout à mieux aligner les services éducatifs sur les besoins des communautés. Mais là où la corruption est endémique, les initiatives participatives cherchent plutôt à vérifier la bonne mise en œuvre d’une politique d’éducation ou d’un programme et à favoriser les possibilités de contrôle par les citoyens.
Une « nouvelle frontière » pour la recherche sur la transparence dans l’éducation
Cette nouvelle publication est la première à paraître dans le cadre du projet de recherche de l’IIPE intitulé : « Gouvernement ouvert dans l’éducation : retours d’expérience ». S’appuyant sur le travail de l’Institut en matière de données ouvertes sur les écoles, ce nouveau projet veut promouvoir une planification de l’éducation à la fois plus réactive, efficace et novatrice tout en privilégiant la participation des citoyens. Les huit chapitres de l’ouvrage tracent la voie pour comprendre l’émergence du concept de gouvernement ouvert dans l’éducation et son statut actuel.
Les auteurs commencent par passer en revue la littérature afin de dissiper les confusions entourant le concept de « gouvernement ouvert », avant de proposer une définition en lien avec le secteur de l’éducation. Ensuite, ils élaborent une « théorie du changement » pour explorer la corrélation entre gouvernement ouvert et corruption. L’analyse se poursuit par l’étude de 34 initiatives récentes de gouvernement ouvert dans des contextes divers à travers le monde, les auteurs détaillant, en dernière partie, les outils analytiques et les cadres empiriques nécessaires pour des recherches ultérieures.
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