Tableaux de bord des écoles : utiles à tous
Une nouvelle publication de l’IIPE-UNESCO examine l’utilisation et les répercussions des tableaux de bord des écoles en Afrique subsaharienne comme outil de promotion de la transparence et de la responsabilité et comme barrage à la corruption.
Un tableau de bord d’école présente les données essentielles de l’établissement : nombre d’élèves et d’enseignants, financements, installations et manuels et, afin d’assurer le suivi des apprentissages, résultats des examens. Grâce à ces tableaux, les utilisateurs d’un système scolaire ont la possibilité d’acquérir une meilleure compréhension de leurs droits et de les défendre.
Avec l’appui financier du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, l’ouvrage passe en revue 21 initiatives mises en place dans 13 pays d’Afrique subsaharienne, apportant des précisions sur les lieux où elles ont été entreprises, leur efficacité et les facteurs essentiels qui permettent de contrôler effectivement le flux de ressources humaines, financières et matérielles. La publication repose sur un examen approfondi de la documentation disponible sur le sujet, enrichi de l’apport des responsables de sept projets de tableaux de bord menés aussi bien dans des pays africains anglophones que francophones.
Qu’est-ce qu’un tableau de bord d’école ? Un tableau de bord d’école désigne tout système qui permet de rendre publique une série de données agrégées propres à une école donnée. En Afrique subsaharienne, ce sont souvent les bailleurs de fonds ou les organisations non gouvernementales (ONG) locales qui sont à l’origine de ce type d’initiatives. |
L’ouvrage présente deux approches différentes des tableaux de bord des écoles. La première consiste en un modèle administratif, dans le cadre duquel un ministère ou un autre organisme public publie les données propres aux écoles sur un panneau public ou sur Internet. Les données sont certes ouvertes, mais la communauté scolaire ne sait pas toujours comment les utiliser efficacement après les avoir consultées. La deuxième approche est un modèle participatif : les tableaux de bord sont alors généralement initiés par la société civile et utilisés comme outil de dialogue avec la communauté scolaire au sens large. Dans le cadre de cette approche collaborative, le public dans son ensemble est encouragé à utiliser les données pour influencer l’allocation et l’utilisation des ressources publiques.
« Tout le défi consiste à progresser vers un modèle hybride, empruntant à ces deux approches », explique Muriel Poisson, coordinatrice de la recherche de l’IIPE sur les données ouvertes sur l’école. « L’objectif est d’améliorer l’accès aux données sur l’école au niveau des pays tout en encourageant les communautés à se les approprier tout en renforçant leurs capacités à les utiliser en vue d’améliorer le système scolaire local. »
La publication passe en revue des cas dans lesquels les tableaux de bord des écoles ont mené à des évolutions positives en ce qui concerne le système d’information pour la gestion de l’éducation (SIGE) d’un pays, la gestion des écoles, les pratiques pédagogiques, les résultats d’apprentissage, la supervision ainsi que la mobilisation de la communauté, l’absentéisme des enseignants ou encore le signalement des cas de corruption. Il explique la manière dont ces améliorations dépendent dans une large mesure de la façon dont sont conçus et mis en œuvre les tableaux de bord des écoles.
L’ouvrage tire la conclusion suivante : rendre publiques les ressources d’une école au moyen d’un tableau de bord mis à la disposition de la communauté scolaire (notamment les chefs d’établissement, les enseignants et les familles) peut devenir un outil puissant permettant aux citoyens d’augmenter leur capacité de contrôle du transfert et des dépenses de fonds publics. Des recommandations à l’intention des responsables politiques sur les moyens de mieux intégrer le contrôle de la corruption dans l’utilisation des tableaux de bord sont également formulées à la fin de la publication.
Cet ouvrage est la dernière publication en date dans le cadre du programme de recherche de l’IIPE sur l’éthique et la corruption dans l’éducation. Le principal objectif de ce programme est d’améliorer le processus décisionnel et la gestion des systèmes éducatifs en intégrant les questions de gouvernance et de lutte contre la corruption dans les méthodes de planification et l’administration globale de l’éducation, tant dans les pays en développement que les pays industrialisés. D’autres publications de la série portent plus spécifiquement sur le financement des écoles, les mesures incitatives en faveur des populations pauvres, les codes de conduite des enseignants, la production et la distribution de manuels et la fraude académique.