Gouvernement ouvert dans l'éducation : les comités de gestion scolaire en Afrique subsaharienne

Cette étude met en évidence la coexistence d’une approche libérale, ouvrant la gouvernance de l’école à la communauté, et d’une approche plus encadrée, organisant l’équilibre entre les acteurs. Elle souligne la difficile articulation des comités de gestion des établissements scolaires (COGES) avec les associations de parents d’élèves, le manque d’expertise de leurs membres, l’absence de représentation des plus défavorisés et un défaut de redevabilité des COGES eux-mêmes.

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Les COGES constituent des outils intéressants de gouvernance ouverte dont l’utilité a été démontrée, notamment pour soutenir le développement d’un dialogue transparent entre l’équipe pédagogique, les parents et la communauté, et promouvoir la mobilisation de cette dernière auprès de l’école. Leurs modalités de mise en place et leurs formes sont variées et parfois flexibles et résultent à la fois de la culture institutionnelle des pays et des orientations et pratiques encouragées par les partenaires internationaux.

Les COGES constituent une rupture importante dans le fonctionnement du service éducatif en Afrique subsaharienne. Introduisant un nouveau paradigme selon lequel la gouvernance des écoles est partagée entre l’ensemble des parties prenantes (notamment les parents), ils bouleversent les légitimités établies les professionnels pouvant y être minoritaires.

Les défis sont toutefois importants pour que ces structures tiennent leurs promesses, et qu’elles ne se transforment pas en canaux de captation de pouvoirs et de ressources par les individus et les groupes dominants au niveau local. L’investissement nécessaire pour les soutenir et les encadrer n’est donc pas à négliger, et il ne peut faire l’économie d’une administration éducative publique solide et active, notamment au niveau local. L’auteur souligne également la difficile articulation institutionnelle des COGES avec les Associations de parents d’élèves (APE).

De plus, si les COGES offrent de véritables opportunités aux parents de jouer un rôle dans la gouvernance de l’école, leur appétence à participer à la vie de ces structures peut rester limitée pour différentes raisons :

  • crainte d’être sollicités pour contribuer financièrement et de vivre des échanges conflictuels ;
  • de ne pas participer réellement aux décisions de gouvernance ;
  • perception de fonctions trop exigeantes, chronophages et non indemnisées.   

Cela peut créer un biais de représentativité en défaveur des plus pauvres, des moins éduqués, des femmes et des plus jeunes. C’est particulièrement le cas dans un contexte où les COGES deviennent des lieux complexes de pouvoir et de décision, les fonctions de médiation avec les parties prenantes requérant toujours davantage de capacités politiques et d’ingénierie participative.

Recommandations choisies

  1. Privilégier des COGES structurés et simplifier leur structure
  2. Clarifier que les COGES ne sont pas des vecteurs de mobilisation de ressources additionnelles au financement de l’État
  3. Recentrer les fonctions des COGES sur le suivi de l’utilisation des ressources financières et dotations matérielles de l’école, et la conception et suivi du plan de développement de l’école
  4. Consolider la circulation d’une information intelligible via différents canaux vers les membres du COGES et la communauté
  5. Concevoir un renforcement des capacités des COGES, en soutenant l’apprentissage entre pairs ainsi que le développement de fédérations locales de COGES

En savoir plus

Pour partager ces recommandations et discuter des principales conclusions de l’étude avec les acteurs concernés, y compris des chercheurs, décideurs, fonctionnaires et représentants de la société civile, l’IIPE a organisé avec l’Association fédérative des consultants et experts de la coopération internationale (AFECTI) un webinaire de lancement le 3 novembre2021. Télécharger la brochure en français et visionnez la vidéo.

À propos de l’auteur

Jonathan Dupain, économiste du développement, appuie depuis une quinzaine d’années différents ministères de l’Éducation et partenaires techniques et financiers dans leurs interventions, principalement en Afrique subsaharienne et en Amérique latine. Son parcours professionnel l’a amené à travailler au sein de différentes institutions d’aide au développement (françaises en particulier) et comme consultant international.

Ce rapport porte sur l’une de sept études de cas sur les initiatives de gouvernement ouvert commandées par l’IIPE et réalisées en Colombie, en Ukraine, en Inde, à Madagascar, au Pérou, au Portugal et aux États-Unis. Elle s’inscrit dans le cadre du projet de recherche global de l’IIPE « Gouvernement ouvert : retours d’expérience ».

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