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19e Conférence internationale anti-corruption : table ronde de l’IIPE consacrée aux données ouvertes sur les écoles

Le 3 décembre dernier, lors de la 19e Conférence internationale anti-corruption (IACC), l’IIPE a organisé une table ronde sur le thème : « Données ouvertes sur les écoles dans le cadre de l’ODD 4 : leur rôle dans la lutte contre la corruption dans l’éducation ». Plus d’une centaine de participants du monde entier – Brésil, Géorgie, Roumanie, Indonésie, Inde, Bangladesh, Allemagne, Singapour et France notamment – ont suivi les interventions.

La Conférence IACC réunit des experts internationaux de la lutte contre la corruption pour évoquer des stratégies efficaces afin de libérer la planète de ce fléau. Accueillie par la république de Corée, l’édition 2020 avait pour thème : « Inventer 2030 : vérité, confiance et transparence ». Plus de 500 intervenants, militants, universitaires, journalistes et réalisateurs, ont partagé leurs expériences de la lutte contre la corruption axée autour de pratiques innovantes et évolutives. L’impact délétère sur les normes démocratiques de la manipulation massive d’informations facilitée par les nouvelles technologies, et encore amplifié par la pandémie de COVID-19, était au cœur des discussions.

En lien avec le thème retenu pour cette édition 2020, la table ronde de l’IIPE portait sur l’ODD 4, censé assurer « l’accès de tous à une éducation de qualité », analysé à travers le filtre des données ouvertes sur les écoles – à savoir, les données désagrégées au niveau de chaque établissement accessibles au grand public. La table ronde a évoqué des initiatives en cours avant de passer en revue les différentes utilisations des données pour suivre et optimiser les ressources et les services dans les écoles.

Muriel Poisson, spécialiste de programme à l’IIPE, a animé et modéré les débats. À ses côtés, trois représentants de Transparency International : Iftekhar Zaman, pour le Bangladesh ; Wawan Suyatmiko, pour l’Indonésie ; et Apollinaire Mupiganyi, pour le Rwanda. Dans ses propos liminaires, Mme Poisson a rappelé que si les organisations de la société civile avaient largement été à l’origine des initiatives sur les données ouvertes sur les écoles, qu’il s’agisse de les concevoir ou de les mettre en œuvre, les gouvernements étaient désormais toujours plus nombreux à leur emboîter le pas.

M. Zaman a ouvert le dialogue en détaillant le modèle propre au Bangladesh, où les initiatives pilotées par le gouvernement coexistent avec les initiatives des OSC — mais se distinguent à deux grands niveaux : l’exhaustivité des données et les capacités de mobilisation des parties prenantes. Tandis que les initiatives pilotées par le gouvernement se cantonnent souvent au bureau de l’enseignant principal, celles conduites par les OSC prennent de multiples dimensions, en faisant appel aux théâtres de rue, aux évaluations citoyennes, aux bureaux d’information et aux audiences publiques et sont, de ce fait, plus à même d’instiller une culture de la redevabilité chez les citoyens.

M. Suyatmiko a présenté l’initiative indonésienne Cek Sekolahku, pilotée par une OSC, qui s’appuie sur des outils en ligne et hors ligne pour promouvoir la gouvernance participative dans le écoles. Dans ce cadre, les OSC locales servent de relais entre les citoyens et le ministère de l’Éducation et de la culture. L’initiative s’appuie notamment sur un portail web, une application sur Android et des plateformes de textos afin de mobiliser les citoyens. Elle assure également des formations pour les agents scolaires et organise des réunions publiques avec des fonctionnaires du ministère. « Dans les régions privées d’accès à Internet, les bulletins scolaires permettent de partager les informations », a-t-il précisé.

Enfin, M. Mupiganyi est revenu sur les évaluations citoyennes et communautaires au Rwanda, considérées comme deux outils efficaces pour garantir la responsabilité du système scolaire du pays. Leur introduction par Transparency International a mis au jour des pratiques corrompues — gonflement du nombre d’élèves inscrits, détournement des fonds alloués par le ministère et des frais de scolarité, enseignants fantômes, harcèlement sexuel dans les processus de promotion professionnelle pour les enseignants, absentéisme des enseignants… Transparency International organise des réunions pendant lesquelles les responsables politiques échangent avec les usagers, entendent leurs commentaires et élaborent avec eux des plans d’action. Comme l’a souligné M. Mupiganyi, « c’est un mode de collaboration douce avec les décideurs. »

Les panélistes ont mis en exergue plusieurs recommandations essentielles, notamment le fait de rendre obligatoire et impérative la publication des données, d’allouer un budget de soutien aux initiatives de données ouvertes, d’utiliser plus judicieusement les technologies de l’information et de la communication, de publier des billets de blog sur les bonnes pratiques et de reconnaître les écoles appliquant activement ces principes d’ouverture des données.

Muriel Poisson a conclu les débats en présentant les recommandations tirées d’une publication à paraître de l’IIPE, intitulée « Données ouvertes sur les écoles : ce que les planificateurs doivent savoir », qui sera accessible sur la plateforme ETICO l’an prochain et proposera des lignes directrices concrètes sur la manière de concevoir et d’appliquer des politiques relatives aux données ouvertes sur les écoles.